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19 mars 2012 1 19 /03 /mars /2012 17:12

paris-RER.jpgCa y est on a réussi à avoir son RER. On pose son derrière douillet sur les sièges durs et étroits du wagon. On attrape son livre et ses gâteaux pour le petit déjeuner en essayant de manipuler l’ensemble avec seulement deux mains et en gardant dans un équilibre précaire le sac à main et sans donner de coup au voisin à une distance maximale de 10 cm. Et voilà, on a réussi, dans ce lieu mouvant et inintimiste au possible, on a réussi à créer son cocon. On se plonge dans son livre, on rejoint un autre monde et on oublie tout.

 

Quelques temps plus tard, on lève les yeux, on cherche à observer un peu le paysage en bonne nostalgique des arbres et de la verdure. Que néni ! Pour tout décor on voit des murs gris sales encombrés de poussières et de déchets. Un tunnel lugubre sans vie, fait de béton et de vide. Et encore ! On arrive à voir un tel décor quand les vitres du RER ne sont pas obscurcies par la saleté, les tags ou on ne sait quelle substance suspecte !

 

Quelques temps encore un peu plus tard, on sent une raie de lumière froide nous traverser la joue…ça y est la surface !! Tellement heureux de revoir la lumière du jour comme si on vivait dans une geôle depuis 10 ans qu’on oublie que cela signifie qu’on est arrivé. On descend sur le quai bondé, où là ce n’est pas 4 pauvres pèlerins mais plutôt 200 qui se bousculent pour descendre les escaliers vertigineux. On ne sait jamais, on pourrait perdre au moins deux minutes pour arriver à son poste !! Et là, à nouveau on prie, on ne sait pas trop quel dieu ou entité de nos jours mais on prie pour du haut de nos talons, ne pas tomber dans cette cinquantaine de marches, malmenée et pousser par ces parisiens si pressés.

 

On sort enfin devant la gare. On s’arrête deux secondes pour allumer sa clope et là…Vlan, on se prend le briquet dans l’œil et on se brule l’ongle du pouce…C’est vrai, on oublie si facilement…Ici rien ne s’arrête, tout court au mépris de la personne humaine. On est qu’un obstacle de plus au passage de la vague grouillante de cadres dynamiques plein de zèle courant comme de beaux toutous rejoindre leur poste. Le pire c’est que l’œil rougeoyant et larmoyant on se fait insulter : «  mais ce n’est pas possible de rester dans le passage !! Vraiment les gens n’ont plus aucun savoir vivre ! »

Je vous le demande : qui réellement n’a plus de savoir-vivre ou plutôt de respect pour la vie ? 

Entre nous : Ce n’est pas comme si on se mettait devant un passage étroit empêchant les gens de circuler. Nan on est sur une place qui doit bien faire 100m² mais à Paris, on n’a pas le droit de s’arrêter, de refaire son lacet, de souffler. Par miracle, si on y arrive, on doit se coller contre un mur en espérant qu’un abruti ne trouve pas encore le moyen de vous donner un coup de coude ou d’épaule bien visé.

 

Alors, on se tait, on n’a pas envie d’avoir le deuxième œil amoché, on avance au son du clac-clac des talons,  une voûte plantaire qui chauffe, des frissons de froid sur tout le corps, un œil pleurant et rouge, un ongle de pouce qui sent la chair carbonisée. On arrive devant la porte de la société on écrase sa clope dans les éteignoirs et on cherche son badge et on prie, on ne sait pas trop quel dieu ou entité de nos jours mais on prie de ne pas rencontrer le même problème qu’avec la carte de transport. Cette fois-ci, la carte était bien à sa place ! Ouf ! Enfin une bonne nouvelle !

 

On traverse le grand hall, on jette un coup d’œil au bar où on peut acheter des cafés, viennoiseries et autres petits déjeuners. Comme chaque matin la queue d’une vingtaine de personnes décourage et on se dirige vers les ascenseurs en préparant un sourire de circonstance. On met son masque de bonne humeur et de jovialité. On prépare son « salut machin ! Comment vas-tu ? » (Enfin quand on a la chance de se rappeler du prénom de machin toujours un peu plus hautin).

Ensuite à défaut de trouver un sujet de discussion avec machin qu’on ne connaît pas, à par l’avoir croisé à de multiples reprises dans les couloirs, on fige son sourire. Puis, toujours aussi docile depuis le début de la matinée, on attend sagement l’ascenseur. C’est idiot, dans ces cas, même quand on s’en fou mais alors on se fou à un point de machin, on ne peut pas s’empêcher de chercher désespérément un sujet de conversation.

 

Evidemment, on le trouve pas, à moins qu’on soit Lundi, dans ce cas, on peut énoncer avec toute la fausse sympathie dont on est capable « tu as passé un bon weekend ? » Bah oui, on se tutoie, même si on connait mieux son banquier qu’on voit tout les trois ans que machin. Et là, si on a de la chance, machin, bavard, raconte son super weekend en Angleterre, en Irlande, quelque part en Europe. Machin raconte avec multiples détails son hôtel trois étoiles, le spa, les soirées, que nous, même en rêve, on n’y penserait pas.

Les portes de l’ascenseur s’ouvre enfin, on badge son étage et on prie pour que machin faignant au possible descende au premier mais non, voilà que machin travaille au cinquième également. Alors pendant que l’ascenseur monte, on a encore le temps d’entendre les visites qu’il a effectuées, la cuisine des grands restaurants qu’il a gouté quand…l’ascenseur s’ouvre. On sort calmement avec flegme même si on a qu’une envie c’est de mettre des bouchons d’oreilles, ou de lui flanquer son poing dans la figure pour qu’il arrête de déblatérer sur un week-end dont on s’en fou et qui a fini par achever notre journée mal commencée. On affiche à machin notre plus beau sourire et on s’entend dire «  C’était vraiment un beau week-end et dépaysant. Je passerais te voir pour que tu me donnes les infos. Je crois que je vais me laisser tenter aussi. Bonne journée ». Bien sûr, dix secondes après on a oublié machin et probablement lui aussi.

 

On se dirige vers son bureau, On prie, on ne sait pas trop quel dieu ou entité de nos jours mais on prie de ne croiser personne et surtout que dans ce bureau où travaille quatre collaborateurs, personne ne soit arrivé. Et ben...Devinez…personne ouf ! On pose son sac, on enlève son manteau, on attrape sa tasse à café, le café en poudre et on va chercher de l’eau chaude. On revient s’assoir à son bureau, on déverrouille sa session et là, on se retrouve devant un fait inaltérable : on est assis devant son bureau pour une journée de huit heures et on a rien d’autre à faire que de travailler…et ben si, accompagnée de sa tasse à café, on retarde le moment fatidique, on évite du regard la dizaine de post-it sur le bureau qu’on a laissé pour ne rien oublier et on ouvre une page internet.

 

On commence par aller voir ses mails, on supprime une quantité impressionnante de pub en tout genre mais on trouve ça drôlement attractif quand on est au boulot. Ensuite, on va jeter un coup d’œil sur le réseau social des animaux. On admire son animal, on regarde les autres, on rêve un jour d’avoir un sacré de Birmanie ou un Maincoon. Une fois que l’on trouve plus rien sur le site, on retourne sur google du coté des actualités. Là, on s’intéresse à tout, même au « Un homme à nouveau poignardé à Marseille », « l’alerte orange neige est maintenue sur 36 départements ». On lit le plus sérieusement du monde les articles même si le contenu n’en apprend pas plus que le titre. Et puis, arrive un moment, où on a tout épuisé, réseau social, actualités, mails. A ce moment-là ça fait bien trente-quarante minutes qu’on est là. On se décide à commencer à bosser doucement : On regarde ces mails professionnels. Et là…Oooh miracle, on est sauvé ! Un « gentil » collègue a apporté le petit déjeuner. Evidemment on se doutera que ce n’est pas par pur altruisme mais ne pas ramener de temps en temps le petit déjeuner dans son équipe vaut les critiques les plus acerbes et les plus outrées :

« Il vient toujours prendre une part de gâteau, une viennoiserie » « il vient même se resservir dans la journée, tu imagines !! » « Par contre, jamais, il n’achèterait un paquet de croissants ».

Enfin, on les comprend ces gens qui ramène rien, quand on est entouré de personnes à la critique si facile et pour qui le moindre défaut est passé au crible et surtout l’apparence, on n’a pas envie de les nourrir. Et puis, une vingtaine de personnes à nourrir en comptant deux viennoiseries par personne, c’est plus un petit paquet...ca fait un trou dans le porte-monnaie ! 

 

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commentaires

A
Bonjour cela fait un petit moment que j'ai ton blog dans mes favoris sur BoosterBlog. Voilà je prend un peu de temps pour lire tes écrits.<br /> <br /> J'ai beaucoup apprécié ce texte, car tu décris très bien la dure réalité des choses, de la vie.<br /> <br /> Par contre, je trouve que tu répètes trop souvent cette phrase."On prie, on ne sait pas trop quel dieu ou entité de nos jours mais on prie...".
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  • : C'est l'histoire d'une vie de toutes les couleurs. C'est l'histoire d'un amour de douleur. C'est le temps de quelques joies et bonheur. C'est le temps de quelques hésitations et terreurs.
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  • Cynthia
  • J'ai toujours aimé découvrir de nouvelles histoires, l'espoir, la philosophie et les connaissances qui se cachaient derrière de simples romans. Alors, à mon tour, je souhaite vous faire découvrir la magie du Verbe, la magie des mots.
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