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15 février 2012 3 15 /02 /février /2012 10:53


Une personne qui marche.

 Une personne qui parle.

Une personne qui rit, qui s'active.

Une femme qui vit.

Puis, un jour, une douleur brève.
Une pointe qui s'installe. Besoin de repos.

Un autre jour. Petit déjeuner, vaisselle, journal, ménage.
Encore cette douleur.
Elle s'assoit. Encore cette souffrance.
Premier analgésique. Elle s'allonge, soupire.

Un autre jour.

La douleur devient omniprésente.
Les cachets s'accumulent.
A quoi servent-ils? Ils ne la soulagent pas.

Le soleil se lève. Elle ne peut pas quitter son lit.
Elle a trop mal. Elle veut pleurer mais ne peut pas.

Le soleil continue sa course, elle se tourne sur le coté, souffle le temps que la pointe lancinante s'estompe. Elle étire une jambe puis l'autre.
Elle respire...deux, trois fois, Aller!!
Elle s'est redressée, assise sur le lit, elle serre, serre les dents pour ne pas crier.
Elle pousse fort sur ses bras. La voila debout.
 
Un, deux, trois pas. Son genou, son dos...la lance tellement!!
Aller courage! Au bout du couloir se trouve la cuisine, et dans la cuisine...les cachets.
Un pas après l'autre, elle avance, les bras s'appuyant lourdement sur les murs.
La boite! Elle la voit sur la table!
Elle voit aussi sa belle-fille qui fait la vaisselle.
Mais quelle heure est-il? Ils ont mangé?
Elle l'entend lui demander comment elle se sent. Que lui répondre? Que la douleur arrache ses tripes, Que la douleur lui donne envie d'avaler toute la boite, pour dormir, dormir et, mourir...
Elle s'assoit sa belle fille lui tend un verre d'eau, lui sourit compatissante.
Veut-elle manger? Non. Rien. Le gout amer des médicaments règne dans sa bouche. Elle n'a goût à rien. Juste dormir, oublier la douleur.

Elle engage une conversation insipide, sans goût, comme sa vie. Elle lâche, sans le vouloir, qu'elle voudrais en finir avec son dos, qu'elle est prête à faire une overdose de cachets.
Elle ne voit pas mais son fils et sa compagne blanchissent. Elle ne sait pas que cette phrase en l'air, va détruire, paniquer son fils.
Elle ne sait pas que son fils va arrêter de dormir, plein de son amour et de son besoin d'elle.

Elle retourne se coucher. Que faire d'autre? Elle n'arrive même plus à lire, à faire ses mots croisés.
Son compagnon entre. Elle commençait à oublier la douleur, à s'endormir. Pourquoi entre-t-il? Pourquoi la dérange-t-il? Toujours là, à l'ennuyer, sur son dos, avec ses commentaires et sa tête qu'elle ne veut plus voir.
Il veut l'emmener à l'hôpital. Ils se sont concertés. Ils sont d'accord. Ils parlent quand elle n'est pas là.
Que disent-t-ils? Qu'elle est si mal, qu'elle ferait mieux d'être placée pour leur foutre la paix?
Elle n'aime pas dépendre des autres. Mais elle n'a pas le choix. Et puis peut-être les médecins sauront quoi faire.

Les secousses de la voiture, la torture. Les dos d'ânes son des poignards enfoncés dans son corps. Il roule si vite, si brusque.
L'hôpital, l'attente. La souffrance d'être assise. Les minutes qui s'égrainent lui arrachent des soupirs de douleurs.
On l'appelle, enfin!! Un lit! Oh oui un lit s'il vous plait. Elle s'allonge. son corps n'est que des tessons de verre que s'enfoncent dans sa chair.
Son compagnon explique son dos, ses vertèbres. Qu'il s'en occupe, grand bien lui fasse!!
On lui met une perfusion. De la morphine! Oh oui, s’il vous plait, de la morphine!! Pas assez. C’est trop peu. La douleur est encore là. Trop forte.
Elle doit se lever. Ils ne la garde pas. Elle rentre chez elle. Une ordonnance pleine de calmants à la main, un pour le scanner dans l'autre.

 

Le temps passe mais pas la douleur. Elle reste alitée presque toute la journée. Ses nouveaux cachets ne la soulagent plus. Son genou est un gouffre de souffrance qui la paralyse. Elle ne mange plus.

Son compagnon la lève. C'est le jour du scanner. La voiture encore. Monstre qui détruit son corps et lui donne envie de disparaitre. La table de scanner. Dure, froide... Oh la douleur! La technicienne place une plaque de métal sous son dos. Elle s'entend crier, pleurer "non, je ne peux pas; enlevez-la!!" L'examen se fait. C’est rapide il parait. Mais pas pour elle. La souffrance est plus forte de seconde en seconde. Puis c'est fini. L'attente sur un siège terrible commence...
Les résultats: 4 hernies discales aux lombaires et une racine nerveuse complètement écrasée.
Le retour. La voiture. Des cachets. Un peut de yaourt liquide. Le lit et le sommeil court.

Ce matin son réveil sonne. Sa belle-fille l'emmène chez la rhumatologue.
La voiture encore... pourquoi et toujours c'est horrible et violent engin!!
Elle roule doucement, lui dit qu'elle fait attention. Mais elle a MAL!!!
La doctoresse la reçoit, examine le scanner, essaie de la faire bouger augmentant terriblement sa souffrance.
Elle ne peut réaliser d'infiltration à cause de l'appareillage qui maintient ses vertebres. Elle lui donne de la morphine, beaucoup de morphine et des séances de kinésithérapie. De la MORPHINE, enfin!!!

Elle est couchée dans son lit. Sa belle-fille arrive, triomphante des boites de morphine à la main. Elle en prend. Ce soir, elle dormira peut-être.
Non, elle ne veut pas manger.

Elle a mal encore. Moins mais toujours. Son cerveau est embrumé mais une idée fixe s'installe. Il faut qu'elle s'assoie par terre sinon elle va tomber.
Elle descend péniblement de son lit s'assied par terre, en chemise de nuit, frissonnante.
Son compagnon entre. il veut savoir pourquoi elle est au sol. Elle lui explique. Il ne veut pas comprendre. Elle essaie de se lever mais n'y arrive pas. Il l'a prend dans ses bras, la couche. Elle s'endort.

Une envie pressante la réveille. Elle se lève. La douleur est effroyable. Elle entend du bruit dans la cuisine, penche sa tète et voit sa belle-fille, qui la regarde. Elle approche doucement, tout doucement. Elle ne contrôle plus ses jambes, ses bras.
Elle s'assied sur une chaise. Elle cherche vaguement sa morphine. Sa belle-fille pose la boite devant elle, avec un verre d'eau.
Elle dit quelque chose mais les mots sortent à peine. Sa belle-fille ne comprends pas. Elle lui demande de répéter doucement. Pourquoi la regarde-t-elle comme ça?
Elle traine sa main sur la table, elle n'arrive pas à la soulever, à prendre la boite. Sa belle fille sort un comprimé le pose devant elle.
Elle a du mal à tenir sur sa chaise. Sa main a toutes les difficultés à saisir le cachet. Elle hoche vaguement de la tête quand on lui propose le yaourt à boire.
Elle regarde le verre de yaourt. Elle veut le prendre, mais le verre semble loin à sa main. Elle fini par le toucher. Elle n'arrive pas à le soulever. Sa belle -fille prend le verre l'approche de ses lèvres. Elle penche la tête, avale difficilement, quelques gorgées. Elle n'en veut plus c'est trop sucré...
Elle veut se lever. C’est dur. Si dur. Son fils la soutient. Pas à pas. Elle vacille. Elle se tient aux murs comme il est possible. Elle voit l'embrasure de la porte, puis son lit. Presque. Elle y arrive. Son fils la couche, la borde.
Elle ferme les yeux. Elle ne sait plus où elle est. Qui elle est. La douleur s'estompe. La morphine agit.

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  • : Cet air conte une histoire
  • : C'est l'histoire d'une vie de toutes les couleurs. C'est l'histoire d'un amour de douleur. C'est le temps de quelques joies et bonheur. C'est le temps de quelques hésitations et terreurs.
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  • Cynthia
  • J'ai toujours aimé découvrir de nouvelles histoires, l'espoir, la philosophie et les connaissances qui se cachaient derrière de simples romans. Alors, à mon tour, je souhaite vous faire découvrir la magie du Verbe, la magie des mots.
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